Au Moyen Âge

LE MERLERAULT viendrait du nom des seigneurs les « Du Merle » dont un des premiers à posséder ce fief dut s’appeler Raoul, d’où le nom de la seigneurerie du Merle-Raoul.

Vers l’an 1020, Richard de Sainte-Scolasse, seigneur de la région, compagnon d’arme de Richard II de Normandie (dit Richard « l’Irascible » ou Richard le « Bon », duc de Normandie de 996 à 1026), aurait fait don du domaine du Merle à l’un de ses compagnons d’armes, Roger, contre le service de dix chevaliers en temps de guerre.

Le prénom d’un descendant de ce Roger, Raoul, Ranulf ou Rault du Merle, sera à l’origine de la terminaison « rault » du nom du bourg.

Buste de Richard II à Falaise

Situé à 2 kilomètre au Sud-Ouest de l’actuelle agglomération, en bordure de la route départementale n°50, s’étendait le vieux bourg. Il était composé d’une vingtaine de demeure, d’une église et d’un emplacement où avait lieu la foire. Il devient au Moyen Âge une cité féodale fortifiée.

A l’époque du roi Philippe-Auguste, le seigneur du Merle tient cette baronnie directement du roi sous condition que ce dernier puisse marier à sa convenance l’aîné des enfants du Merle.

Pendant la guerre de Cent Ans, le bourg est l’objet de combats. Un incendie le dévaste en 1346. En juin 1356, le château que défend en vain Jean du Merle est conquis et pillé par le Duc de Lancastre. Occupé à nouveau par les Anglais en 1359, il est repris en 1364 par les Français à l’issue de violents combats contre les troupes anglo-navarraises de Ferrando d’Ayens, chevalier anglais qui était alors commandant du Merlerault.

Emplacement du vieux bourg, ensemble castral du Château Clos, inscrit aux Monuments Historiques.

Le bourg quitte la famille du Merle à l’occasion du mariage en 1385 d’Agnès du Merle dame du Merle-Raoul et de Gacé avec Jean de la Champagne seigneur d’Avrilly, une forteresse aux défenses considérables.

Leur fille Jeanne, décrite par certains comme la plus riche héritière du Cotentin, épousera Nicolas Paynel, baron de Hambye et de Bricquebec qui transmettra le fief à leur gendre Louis d’Estouteville, gouverneur de Normandie.

Des Temps Modernes à l’Epoque Contemporaine

Au XVe siècle, le bourg est rebâti à deux kilomètres au nord-est de l’ancien village, là où nous le connaissons aujourd’hui.

Un siècle plus tard, Sully et Henri IV y créent le Haras du Roi.

En 1672, un prêtre du Merlerault, Claude Le Febvre, fait de son vivant une donation pour financer une cérémonie annuelle autour du feu de la Saint Jean, paiement de douze fagots et rémunérations des clercs ainsi que des carillonneurs. Il en précise les différentes phases, chants dans l’église, sortie en chantant Inter natos mulierum non surrexit major Joanne Baptista puis le Te Deum, procession, allumage du feu sur la place à huit heures du soir, hymnes à Saint Jean-Baptiste, retour vers l’église en chantant les Laudes, puis le Benedictus et l’oraison du jour.

En 1715, le haras national du Pin est construit pour rassembler en Normandie les haras du Roi. Il remplace les haras royaux du Merlerault et de Montfort-l’Amaury.

Au XVIIe siècle, Le Merlerault devient un des dix-huit relais de poste de la route royale d’Alençon à Rouen (déplacé à Nonant-le-Pin en 1784 à l’achèvement de la nouvelle route 138).

En 1822, Le Merlerault (1 264 habitants en 1821) absorbe MontMarcey (133 habitants) à l’ouest de son territoire.

Le 7 août 1830, Charles X, fuyant — à la suite des Trois Glorieuses — Rambouillet pour Cherbourg où un paquebot à destination de l’Amérique l’attend (il choisira finalement l’Écosse puis la Bohême), est rejoint au Merlerault par le colonel Caradoc, émissaire britannique de Louis-Philippe, qui lui remet la proposition de confier au nouveau pouvoir l’héritier du trône, le duc de Bordeaux, ce que sa mère, la duchesse du Berry et son grand-père refusent.

1831, pose de la première pierre des Halles

La première pierre des halles est posée en 1831 sous le règne de Louis Philippe 1er, Roi des Français, par Mr Clogueuson, Préfet.

Des pièces d’or et d’argent à l’effigie du roi et une table de métal ont été enfermés dans une boite de plomb incrustée dans la dite pierre, qui est placé à l’Est de la dite Halle, coté midi, et sur laquelle on peut lire l’inscription suivante : « L’an 1831, la deuxième du règne Louis Philippe 1er Roi des Français le 14 aout, la première pierre des halles, Mairie et Justice de Paix du Merlerault a été posé par Mr Clogueuson, Préfet, assisté de Mr Jourdain Joseph; Devilade, Sous-Préfet, de Mr Dunoyer Joseph, Maire; Mr Souchez Pierre-Alexandre, Adjoint et de Messieurs les Conseillers Municipaux.

Le coût de construction de l’Hôtel de Ville s’éleva à 38 602,10 Francs. L’aménagement intérieur était différent de celui que l’on connait aujourd’hui.

35 ans plus tard, en 1869, La gare du Merlerault est ouverte sur la ligne Paris – Granville.

L’Hôtel de Ville avant 1944

18 Septembre 1944, la tragédie

Traumatisé un mois plus tôt par l’incendie volontaire de l’Eglise par des officiers allemands en fuite, Les Merluriens vont connaitre, le 18 septembre 1944, leur plus grande tragédie des temps modernes avec l’explosion accidentelle d’un convoi de munitions américains sur la place de l’Hotel de Ville.

La veille, les convois militaires américains traversent le village à vive allure. La population enthousiaste salue les soldats qui lancent cigarettes, bonbons, conserves, chewing-gum, ramassés avec fougue et imprudence. L’ambiance est euphorique, c’est le bonheur. Le soir, vers 20 h, un convoi s’est arrêté pour le bivouac, à la grande joie des enfants et de nombreux curieux. Toute la place est occupée, les soldats prennent leur repas et distribuent différents produits de leurs rations.

Le lendemain, le village s’éveille à peine. Il est 6 h 45. En chauffant leur café (?), des soldats américains mettent le feu aux pneus à l’arrière gauche de leur camion chargé de bombes, ils s’affolent… Quelques minutes plus tard, c’est l’explosion, un bruit effroyable prolongé par des éboulements. La place n’est plus qu’un champ de ruines, les maisons brûlent, c’est un spectacle de désolation, des appels, des cris, des larmes. Dans les maisons en ruines, des femmes, des hommes et des enfants écrasés sous les décombres. Il y a de nombreux blessés, mais aussi 27 morts.

Une chapelle ardente est dressée à l’école communale de garçons. Les funérailles ont lieu le vendredi 22 septembre. En raison de l’incendie qui a détruit l’église le 12 août, la cérémonie s’est déroulée autour d’un autel dressé dans la prairie voisine du cimetière.

Près de 3 000 personnes assistaient à l’office célébré en présence de l’évêque de Séez, du préfet de l’Orne, de nombreuses personnalités locales et régionales. Le cœur du bourg et l’Hôtel de ville entièrement détruits seront reconstruits dans les années 1950. Ce dernier fut inauguré en octobre 1954.

L’Hôtel de Ville démoli, vu depuis l’Ouest

Témoignage de Michel POULLAIN, l’un des témoins majeurs de cette catastrophe :

Le Merlerault de nos jours

Aujourd’hui, Le Merlerault est une commune paisible au centre du département, traversée d’Est en Ouest par la route départementale 926 et du Nord au Sud par la route départementale 4. Elle compte environ 770 habitants (2020).

La bourgade est à une demi-heure de route de trois villes ornaises que sont : L’Aigle, Argentan et Alençon ainsi qu’à dix minutes de deux autoroutes : A 28 et A 88. La commune compte parmi ses habitants, plusieurs franciliens qui y possèdent une résidence familiale ou secondaire.

La bourgade possède les principaux commerces et services de proximité : boulangerie, boucherie, épicerie, papeterie, restaurant, coiffeurs, garages, bars, tabac, presse, jeux, banque, services privés dont assistantes maternelles, services publics dont la poste, la gendarmerie, une antenne de la Maison France Services et une maison de santé.

La commune a deux écoles (public et privée) et plusieurs associations : sportives, culturelles, une médiathèque, et la liste n’est pas limitative, l’ensemble pour bien y vivre ou tout simplement s’y arrêter…

Administrativement, Le Merlerault est rattaché au canton de Rai et dépend de la sous-préfecture de Mortagne-au-Perche. La commune est membre de la communauté de communes des Vallées d’Auge et du Merlerault.

Le village possède un beau bâti foncier par son Hôtel de Ville en cœur du bourg. La commune, possède également des zones pavillonnaires avec des parcelles encore libres à lotir.

Depuis toujours, Le Merlerault s’inscrit dans le pays du cheval, entouré de haras de renom, voisins de grandes et belles exploitations agricoles qui contribuent à la richesse d’un territoire, celui de la Normandie : terre d’élevage, et d’une Normandie verdoyante et accueillante.

L’Hôtel de Ville de nos jours, cœur du village